La flexion avant / Se pencher le dos / Flexion lombaire

On entend régulièrement :
« plie pas ton dos! » ❌
« Attention à ton dos, plie tes genoux »✅
« Force pas avec ton dos »❌
« Arrondies pas ton dos quand tu te penches »❌
« Tu vas te blesser si tu te penches en avant »

Ces conseils peuvent être utiles dans certaines occasions, mais peuvent aussi être néfastes.

1. Dans la littérature scientifique , il a été démontré que de pencher le dos vers l’avant, de faire une flexion de la colonne, même dans le soulèvement d’une charge, n’est pas un facteur de risque de se blesser. Les gens qui « utilisent davantage leurs genoux plutôt que leur dos » lorsqu’ils se penchent/soulèvent une charge n’ont pas nécessairement moins de chance de se blesser au dos.

2. Il y a beaucoup de mythes, de kinésiophobie et de peur par rapport à la flexion du dos. On voit souvent des rappels « Ne penchez pas votre dos ❌ utilisez vos genoux ✅ » Beaucoup de gens et de patients associent la flexion lombaire comme quelque chose de très dangereux et à éviter à tout prix. Bien sur, certains patients avec certaines conditions, comme une douleur au bas du dos aigüe, pourraient être déconseillés de pencher le dos, temporairement. Certains individus se sont blessés en penchant le dos, donc évitent à tout prix de refaire ce mouvement pendant une grande période de temps voire toute leur vie, et risquent de perdre de la mobilité articulaire, de la force etc et puis finalement la flexion devient difficile et douloureuse car elle n’est jamais pratiquée. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui se blessent les genoux car ils apprennent à surutiliser les genoux sans utiliser le dos. D’autres se blessent en tentant de garder toujours le dos droit. Comme à la course, certains se blessent avec des souliers minimalistes et d’autres se blessent avec des souliers maximalistes. La douleur c’est complexe et multifactoriel. L’association flexion du dos = blessure et douleur n’est pas vrai. Certains font des flexions lombaires toute leur vie sans douleur et d’autres font des mouvements avec les genoux et le dos très droit et pourtant se blessent.

3. L’effet nocebo. Au contraire de l’effet placebo (des attentes ou croyances positives peuvent amener des résultats positifs, ex tu as mal à la tête, tu prends un Tylenol et tu vas déjà mieux, alors que le Tylenol est pas encore absorbé dans ton corps), l’effet nocebo c’est lorsqu’une croyance pour un médicament ou un traitement est susceptible de recréer des effets indésirables. Ces effets indésirables peuvent être ceux qu’on a appris, qu’on a lus, qu’on a entendus par nos collègues et amis. Des attentes négatives peuvent amener des effets encore plus négatifs qu’ils ne devraient. Un traitement inerte qui ne donne aucun effet secondaire, pourrait créer des effets secondaires si le patient a des attentes et croyances négatives. Par exemple, environ 20 à 30 % des gens manifestent des maux de tête, des nausées et de la somnolence lors de la prise d’un placebo (faux médicament inerte sans effet) si on leur dit que ces effets secondaires sont possibles.
Si un patient a peur de faire une flexion du dos et qu’on lui a toujours dit que c’est un mouvement dangereux à éviter à tout prix, son cerveau pourrait penser que c’est dangereux de faire ce mouvement, et le patient pourrait ressentir de la douleur pendant le mouvement alors qu’il ne devrait pas nécessairement avoir mal, alors qu’il n’y a pas nécessairement un dommage tissulaire. Dans une prochaine capsule je parlerai d’un patient dans les années 90 qui a pilé sur un clou, ce clou a transpercé complètement son soulier. Il criait de douleur, il a eu des fortes médications pour la douleur. Pourtant à la radiographie, le clou est passé entre ses orteils et n’a jamais touché son pied. Son cerveau était convaincu du dommage et lui a fait ressentir d’atroces vraies douleurs malgré la réelle absence de dommage. C’est un exemple d’effet nocebo.

4. Il faut faire attention à ce qu’on dit aux patients, amis, collègues etc qui ont des douleurs du dos. « Tu as le dos d’une personne de 80 ans » «Ta posture est mauvaise » « Tu vas avoir des séquelles tu pourras pu jamais faire ça » « tu ne dois pas forcer car tu as un mauvais dos » etc Ceci favorise l’effet nocebo, la kinésiophobie (peur de bouger), la sédentarité et la chronicité de la douleur/condition.


Dans cette vidéo, je démontre quelques suggestions d’étapes pour la flexion avant, de façon graduelle. La flexion lombaire n’est pas aussi dangereuse comme on le pense. C’est pourtant un mouvement fonctionnel que l’on doit adresser : s’asseoir, être dans un bain, se pencher pour prendre son bébé, ramasser un objet au sol, faire un deadlift, atterrir un box jump, rouler, etc. Partie 2 sur la flexion lombaire à venir!