La lune aux ténèbres s'affronta,
Le soleil vint les séparer
La chair s'émut vers le poignard,
La justice en larmes s'éborgna.
Ce jour, vous en souvientil ?
Ils le mandèrent pour les séparer :
Abane Ramdane s'écroulant,
Le vent emporta sa voix.
Attendez ! Attendez, ne partez pas !
Que vous voyiez les os, les os des non défunts !
Attendez ! Attendez, que vous voyiez la terre
Où des serpents sortent du berceau de la femme.

Avec eux, il alla ;
Eux revinrent
Poings liés,
Solide le joug.
Par les rigoles, court ;
Il guette son sort,
Un sort qui se ferait chance.
Souffla l'aveugle injustice,
Ils la remplirent de plomb,
Sans faiblir elle cribla le peuple

Hiver comme été
La férule est notre lot,
Comme sous contrainte.
Il n'est plus de mot,
La paix jamais ne vint,
Il a pris la fuite,
S'en reviendratelle ?
Attendez ! Attendez, ne partez pas !
Que vous voyiez les os, les os des non défunts !


Quand le soleil eut lapidé la terre,
Il jura et ne lâcha prise.
La pluie, nous l'avons oubliée,
Les eaux ont fui les fontaines,
Le ciel ayant la brume pour viatique,
Le déluge n'épargna pas un empan.
L'adage dit mort ce qui est révolu :
Assurément, je ne le crois pas.
Attendez ! Attendez, ne partez pas !
Que vous voyiez les os, les os des non défunts !


Les charognards
Tinrent assemblée :
La montagne s'ébranla
Et le sang s'est exhalé.
Comme soie voilant un roncier,
La nouvelle parvient alors,
De ce qui advint au Maroc.

Le sang exhale son odeur en tout lieu,
L'exhale dans la forêt de chêne zéen.
L'épreuve n'enfanta que rebut,
Ce sont hontes qui saillissent aujourd'hui :
Et bien, les liens sont à présent rompus,
Je clamerai, moi, qui sont les miens ;
Le mensonge ne se peut sceller,
L'huile flotte audessus de l'eau.
Attendez ! Attendez, ne partez pas !
Que vous voyiez les os, les os des non défunts !
Attendez ! Attendez, que vous voyiez la terre
Où des serpents sortent du berceau de la femme.

Repris de :
ALTERMED, la méditerranée autrement,
Editions Nonlieu,